Alors que le Conseil Constitutionnel publiait samedi la liste des vingt candidats définitifs à l’élection présidentielle du 25 février, il semble important de faire un point sur l’absence d’Ousmane Sonko de cette liste, et ses implications. Cela fait trois ans que sa volonté d’être candidat a complètement bouleversé le pays. Peut-on pour autant considérer que son absence de cette liste est un échec pour lui et pour ses idées ? Rien n’est moins sûr.
Lorsqu’il apparaît dans le paysage politique, Ousmane Sonko porte des propositions concrètes, il a des écrits, il dénonce, notamment la corruption. Un discours franc qui séduit beaucoup les jeunes sénégalais, qui s’identifient à ses propos. Il devient ainsi très vite l’opposant à éliminer. D’ailleurs, une succession de décision et d’attaques plus invraisemblables les unes que les autres portent à croire à une véritable volonté d’empêchement à se présenter à l’élection présidentielle et ne sera pas sans conséquences pour la suite.
D’abord, nous l’avons vu, un sentiment d’injustice profond a gagné le peuple sénégalais, en particulier sa jeunesse. La population a perdu confiance en ce système qui, de surcroît, a permis des pertes économiques énormes à travers ces agissements. Ces derniers ont aussi empêché undébat constructif dans la politique sénégalaise. L’essentiel a été perdu de vue.
Pourtant, il nous semble que le bilan est loin d’être négatif. En réalité, Ousmane Sonko triomphe de ces évènements. Pour commencer, de nouvelles idées de gouvernance sont apparues, incarnées par la jeunesse sénégalaise. Il incarne désormais quelque chose de symbolique et d’irréversible qui a certainement changé les mentalités à jamais. Par ailleurs, parmi les candidats définitifs de la liste, plusieurs sont prêts à porter le projet de Ousmane Sonko. Tout espoir est donc permis quant à voir les idées triompher. Nul doute donc, qu’Ousmane Sonko sort victorieux de toute cette histoire.
Désormais, il est grand temps de regarder vers l’avenir et de se projeter pour les élections imminentes. D’abord, il conviendra de capitaliser sur ces avantages, afin d’assurer une victoire de l’opposition dès le 1er tour des élections présidentielles. Le combat est loin d’être terminé, et le changement est possible. Il ne pourra toutefois se faire qu’à une seule condition : obtenir une large coalition autour du candidat le mieux placé.
Il est en outre essentiel de veiller à la transparence du fichier électoral. Les irrégularités précédemment dénoncéespar les recallés du parrainage, selon lesquelles des citoyens sénégalais disposent de cartes d’électeurs mais ne figurent pas dans le fichier électoral ne peuvent être tolérées. Cette transparence devra également s’obtenir les jours de scrutins : l’opposition devra assurer une présence dans la totalité des bureaux de vote. Ceci permettra d’éviter toute tentative de fraude électorale.
L’heure est donc à la vigilance : il est encore tout à fait possible de rompre avec le régime de Benno Bokk yakaar. Cela ne pourra toutefois pas se faire sans transparence et régularité, et sans coalition. Cette coalition devra être basée sur l’essentiel, à savoir la bonne gouvernance et l’assurance de l’autonomie et de l’indépendance de la justice sénégalaise. C’est uniquement à ce prix que nous pourrons assurer un véritable Etat de droit. Il faudra créer un consensus autour d’un seul et unique candidat d’opposition. Nous croyons sincèrement que l’implication de tous peut encore porter ses fruits pour l’avenir de notre pays.
Fait à Dakar, le 22 janvier 2024
Pr. Elhadj Malick KANE
FARLU JOTNA / LES FORCES VIVES
Aux élections présidentielles de février 2024