Quelle politique de suivi-évaluation pour le PROJET? par Mamadou Yauck

Le suivi – dans la planification et l’exécution – et l’évaluation des politiques publiques constituent des éléments essentiels d’une approche programmatique axée sur les résultats. Dans le contexte du changement de paradigme inter-référentiel, et dans l’optique de la mise en œuvre du PROJET de société impulsé par la nouvelle équipe dirigeante, il convient de définir une nouvelle approche de suivi-évaluation arrimée aux axes stratégiques définis dans le nouveau référentiel de politique économique, social et environnemental.

Lors du Conseil des ministres tenu le 17 avril 2024, le Président de la République a annoncé la création du Bureau de suivi-évaluation (BSE) des projets et programmes qui va, dit-il, « assurer le monitoring des directives présidentielles et du PROJET ». Cette décision phare du Chef de l’État entre en parfaite cohérence avec les orientations stratégiques définies dans le livre-programme, préconisant l’élaboration des standards et l’application des normes de qualité dans tous les secteurs. Le BSE aura ainsi pour missions la systématisation des procédures de suivi de l’exécution des projets et programmes d’une part et, d’autre part, le développement et la consolidation d’un système d’évaluation des politiques publiques. Il convient, par ailleurs, de souligner que les missions du BSE révèlent clairement leur transversalité intrinsèque; de la modernisation de l’administration publique à la restructuration des secteurs du travail et de l’emploi, en passant par le développement de la microfinance, d’un nouveau modèle de développement agricole ou d’une nouvelle politique de santé publique performante, le BSE devra être au cœur du suivi de l’action gouvernementale et de l’évaluation de son impact.

La réussite des missions du BSE devra reposer, de toute évidence, sur une nouvelle vision d’une politique de suivi-évaluation cohérente avec les axes stratégiques du PROJET, harmonisée à travers toutes les structures étatiques, fiable dans les méthodes de collecte de données et des méthodologiques d’analyse statistique, et arrimée à la dimension prospective des politiques économique, sociale et environnementale. 

La cohérence du nouveau système de suivi-évaluation se matérialise tout d’abord à travers la mise en œuvre d’une nouvelle architecture organisationnelle, qui se traduit dans l’organigramme, le fonctionnement et les procédures du BSE. Elle s’opère ensuite dans l’élaboration des outils et des méthodes opérationnels de suivi et d’évaluation; par exemple, les indicateurs de performance – devant constituer les métriques sur lesquelles des méthodes d’inférence causale pourraient être appliquées – devraient être arrimées aux objectifs globaux des politiques publiques du référentiel actuel en termes d’impact économique, social et environnemental.

Par ailleurs, la réussite de toute stratégie d’harmonisation du système de suivi-évaluation s’adosse à la création d’une plateforme unique de coordination et de consolidation des missions des organes sectoriels chargés de la mise en œuvre des politiques de suivi-évaluation à travers toutes les structures étatiques. Cette plateforme permettra, d’une part, d’uniformiser les outils et les procédures ayant trait à la planification, au suivi de l’exécution et à l’évaluation des projets et programmes sectoriels, et, d’autre part, à la mutualisation des ressources – financières, matérielles et humaines. La concrétisation de cette optique de gestion du système de suivi et d’évaluation des politiques publiques devra reposer sur la définition de nouvelles relations entre le BSE et les organes sectoriels concernés; elle devra notamment garantir l’harmonisation des mandats de toutes les structures, afin d’asseoir une perspective de complémentarité dans le suivi de l’action gouvernementale.

La fiabilité des données constitue un élément incontournable dans le processus d’opérationnalisation d’une politique de suivi-évaluation. Elle est garantie à la fois par l’effectivité des stratégies de ciblage dans les enquêtes statistiques, mais également par les méthodes de collecte et de remontée des données. L’intégrité du système de suivi-évaluation repose entièrement sur la fiabilité des données statistiques; elle devra donc constituer l’un des objectifs stratégiques du BSE, qui est dès lors appelée à travailler en étroite collaboration avec l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) sur les méthodes et pratiques éprouvées. Par ailleurs, la fiabilité des analyses statistiques constitue le second pilier d’une politique d’intégrité du système d’évaluation; celles-ci doivent, de toute évidence, refléter à la fois les méthodes de ciblage – ou d’échantillonnage – et les objectifs inférentiels pertinents. Le BSE devra également s’appuyer, en partie, sur les outils méthodologiques développés par l’ANSD lorsqu’ils seront jugés pertinents au regard du contexte de l’évaluation.

Le BSE devra, enfin, s’inscrire dans une politique de suivi-évaluation dynamique, qui va au-delà des analyses classiques ex-ante et ex-post, et qui s’appuiera sur des évaluations périodiques, en cohérence avec les orientations du gouvernement. Cette approche dynamique dans le suivi de l’exécution des politiques publiques et de leur évaluation facilitera l’intégration d’une vision prospective dans l’opérationnalisation des missions de la BSE et permettra, tout au long du processus d’évaluation, d’anticiper sur l’évolution des indicateurs de performance et de suggérer de nouvelles orientations stratégiques, en cohérence avec directives gouvernementales et en parfaite coordination avec le Bureau d’Intelligence et de Prospective Économique (BIPE) – dont la création a également été annoncée par le Chef de l’État.

Par Professeur Mamadou Yauck
Docteur en statistique
Membre du MONCAP Canada

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