Elle est le coeur de son agenda politique depuis quatre ans mais elle risque de lui échapper. L’élection présidentielle de février 2024 pourrait ne pas être dans le temps de l’opposant Ousmane Sonko après le mandat de dépôt décerné à son encontre par le doyen des juges d’instruction. Une situation inconfortable qui pourrait le maintenir en prison pendant plusieurs mois… A moins que la rue et ses partisans changent le cours de l’histoire, comme en mars 2021.
C’était quasi inéluctable, c’est fait. L’opposant sénégalais Ousmane Sonko va passer sa première nuit en prison dans sa jeune carrière politique. Il a été inculpé ce 31 juillet 2023 pour plusieurs chefs d’accusation après plus de 4 heures d’audition par le doyen des juges d’instructions Oumar Maham Diallo. Ce dernier a quasiment reconduit les délits formulés dans le réquisitoire du procureur de la République : appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’Etat, acte et manœuvre à compromettre la sécurité publique, vol.
Réagissant à ce tournant de sa carrière politique, Ousmane Sonko a posté un message qui ne manquera pas d’être commenté par ses partisans et sympathisants, où même par ses détracteurs et ennemis.
« Je viens d’être injustement placé sous mandat de dépôt. J’ai toujours placé ma confiance en Dieu. Si le peuple sénégalais, pour qui je me suis toujours battu, abdique et décide de me laisser entre les mains du régime de Macky Sall, je me soumettrai comme toujours à la volonté divine. »
Me Ciré Clédor Ly, un de ses principaux avocats, déclare :
« Ils ont pris la décision de le placer sous mandat de dépôt. Je pense que c’est son destin, mais aussi celui d’un peuple. »
Pour Aldiouma Sow, responsable en charge des questions électorales du parti Pastef, c’est « la démocratie (qui) est placée sous mandat de dépôt et les libertés publiques sous bracelets électroniques sous Macky Sall » (Twitter).
Cette décision judiciaire qui frappe Ousmane Sonko pourrait sonner le glas de ses ambitions présidentielles en perspective du scrutin de février 2024 pour lequel il s’est porté candidat depuis bien longtemps.
Au gré de la grande marge de manœuvre dont disposent le parquet et le juge d’instruction dans la conduite d’un dossier où le vocable “terroriste” est en bonne place, le président de Pastef-Les patriotes pourrait rester en prison pendant plusieurs mois avant d’être auditionné dans le fond des affaires. Non seulement il pourrait perdre son éligibilité électorale qui l’exclurait alors de l’élection présidentielle, mais aussi se trouver encore en prison lors de la campagne électorale et dudit scrutin.
Dans les jours à venir, l’attitude des militants de Pastef et de la rue sénégalaise sera déterminante par rapport à la conduite que le pouvoir tiendrait face à son plus grand adversaire. En mars 2021, de puissantes manifestations publiques avaient contraint le président de la république à lâcher du lest en ordonnant la libération d’Ousmane Sonko dans le dossier ‘’Sweet Beauté’’. Il est vrai qu’à l’époque, le chef de Pastef n’avait pas fait l’objet d’un mandat de dépôt, il avait été libéré et placé sous contrôle judiciaire. Une différence de taille qui change tout aujourd’hui. (IMPACT.SN)