Le président Macky Sall n’a visiblement pas aimé les multiples rappels à l’ordre de la communauté internationale qui, à l’instar de la population locale, l’invitait à juste titre, à respecter le calendrier électoral républicain, une tradition démocratique sénégalaise. Le putschiste s’en est plaint ouvertement lors d’un entretien accordé le 22 février 2024 avec quelques médias locaux. « Je ne mérite pas cette campagne internationale et je la dénonce de façon vigoureuse. Parce que moi je suis un homme libre, je suis un Sénégalais, je suis un Africain et je suis un démocrate. Je n’ai violé aucune règle pour aujourd’hui me retrouver dans cette campagne nauséabonde qui est entretenue pour créer la tension et la déstabilisation de mon pays », a-t-il répondu à une question du jeune journaliste très respecté, Mouhamadou Diallo de Seneweb qui était visiblement la vedette de cette entrevue, tant ses questions étaient pointues et ne souffraient d’aucune subjectivité.
Le président Macky Sall a fait alors hors-sujet comme l’a titré le journal Le Réveil : « Situation du Sénégal : Macky Sall hors-sujet ! » : « Il annonce son départ le 2 avril mais prévient que tout dépend du dialogue (…) Un flou total sur la date de l’organisation de la prochaine Présidentielle ». En effet, la prise de parole très attendue du président Macky Sall devait édifier normalement les Sénégalais sur la nouvelle date exacte de l’élection initialement prévue le 25 février 2024 et qu’il a décidé unilatéralement de reporter. Les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, n’attendaient qu’une seule chose : que celui qui avait pris démocratiquement les reines du pays en 2012 donne une date, soit le 3 ou le 10 mars, deux dates suggérées par des mouvements citoyens tels que la plateforme Aar SunuElection (« protéger notre élection », en wolof) et tous ceux qui respectent la Constitution ou le code électoral.
Le président Macky Sall qui avait juré de « réduire l’opposition à sa plus simple expression » joue de manière insistante avec les nerfs des Sénégalais. Il ne cesse de franchir beaucoup de lignes rouges. Pourtant l’opposant Macky Sall avait menacé de mobiliser « 200 000 personnes » pour aller déloger le président Abdoulaye Wade de son palais pour moins que ça. « Arrête de provoquer le peuple sénégalais. Il faut qu’il [Wade] comprenne que nous avons les moyens de faire descendre plus de 100 000 personnes, plus de 200 000 personnes pour conquérir le palais, promettait-il. ».
Ceux qui connaissent bien le président Macky Sall ne doivent pas s’étonner de le voir confisquer de nouveau le pouvoir à la lumière des faits et gestes posés depuis ses 12 ans de règne. Une avocate canadienne d’origine sénégalaise a relayé sur les réseaux sociaux une définition très simple du mot dictateur à l’endroit de « ceux qui cherchent encore la définition » de ce terme peu flatteur. « Personne qui, à la tête d’un État, détient tous les pouvoirs, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ». Le putschiste Macky Sall répond à tous les critères énumérés dans cette définition. On peut même aller plus loin en rappelant le terme utilisé par l’avocat franco-espagnol Juan Branco qui qualifiait ses gestes de tyrannie. Même si ce n’est pas plaisant de l’entendre, il est impossible de dire que le Sénégal de Macky Sall ne vit pas cette situation. Le dictionnaire Le Robert donne une définition historique du mot tyran : « Chez les Grecs, celui qui s’emparait du pouvoir par la force » ou « Personne qui, ayant le pouvoir suprême, l’exerce de manière absolue, oppressive. »
Inutile de dire que le président Macky Sall s’accroche au pouvoir et son régime n’hésite pas à tuer de sang-froid son peuple, tous ceux qui s’opposent à ses décisions. L’instrumentalisation de la justice à des fins politiques favorables au pouvoir est une réalité encore aggravée sous le régime de Macky Sall.
Le supposé prince n’accepte pas qu’on pointe du doigt la corruption des membres de son gouvernement, pratique une justice sélective, ne se gêne pas à fouler son soi-disant code d’honneur, se venge contre le peuple qui l’a élu, parce que pensant que les Sénégalais le méprisent, d’où sa manie à répéter sans cesse « je suis le président », le pouvoir le rend visiblement fou, lui qui se croit dans une monarchie sénégalaise.
Celui qui, alors tout puissant premier ministre avait voté de force dans sa ville en 2002, sans présentation d’une pièce nationale d’identité (rapport ONEL), est allergique à la critique et a érigé la transhumance comme système alors qu’il le dénonçait lorsqu’il était dans l’opposition. Le président Macky Sall a décidé de choisir les électeurs et coûte que coûte le prochain président. Il a une mainmise sur le législatif et le judiciaire. On peut ajouter maintenant le terme de putschiste constitutionnel à la liste des tristes qualificatifs de celui qui n’a jamais été un démocrate, contrairement à ce qu’il prétend dans son entretien, et encore moins un homme de dialogue et de paix. Ses intentions de pacifier l’espace ne sont que de la poudre aux yeux, pour gagner du temps et reprendre le dessus sur le pouvoir qui lui échappe entre les mains, en créant une situation inédite. Seize des 19 candidats à l’élection présidentielle ont tout à fait raison de refuser de participer à son faux dialogue.
Le chef de l’opposition Ousmane SONKO emprisonné arbitrairement a réussi à démontrer au monde entier le vrai visage de Macky Sall, celui d’un dictateur qui n’a cessé de mépriser son peuple tout en liquidant ses principaux adversaires politiques.
La communauté internationale a surtout découvert le vrai visage du président Macky Sall lorsque son régime policier a fait preuve d’une violence inouïe en brisant les vitres du chef de l’opposition Ousmane Sonko pour l’extraire de force de sa voiture alors qu’il se rendait au tribunal le 16 février 2023 (l’image a fait le tour du monde qui s’est également aperçu qui était en réalité le plus violent entre lui et son opposant tellement que le candidat Ousmane Sonko a gardé un calme olympien par rapport à un geste brutal qui défigurait la démocratie sénégalaise).
D’autres événements regrettables se sont également ajoutés et ont fini par faire comprendre au monde entier que la démocratie sénégalaise subissait une nette régression (liquidation constante de ses principaux adversaires politiques, emprisonnement arbitraire des journalistes, détenus politiques et d’opinion, coupures d’internet, Tik Tok et les réseaux sociaux, séquestration d’un opposant et sa famille sans base légale pendant plus de 55 jours, utilisation des nervis aux côtés des forces de sécurité lors des manifestations et cette autre image qui rebute davantage : celle des enfants utilisés comme boucliers humains lors des manifestations sans oublier une plainte déposée en France et une demande d’enquête soumise à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye contre le président Macky Sall pour « crimes contre l’humanité » et certains dignitaires du régime, une procédure menée de main de maître par l’un des avocats d’Ousmane Sonko en l’occurrence Juan Branco qui affirme « s’appuyer sur 710 éléments de preuve des exactions » commises au Sénégal lors des événements meurtriers concernent la période allant « de mars 2021 à juin 2023 ».
Face à une répression meurtrière sans précédent, Amnesty International a demandé aux autorités sénégalaises « d’enquêter immédiatement de façon indépendante et transparente sur la mort d’au moins vingt-trois personnes, dont 3 enfants, lors des manifestations violentes du 1er et 2 juin 2023 et faire la lumière sur la présence de personnes en civil armées opérant aux côtés des forces de sécurité ».Des enfants ont été utilisés comme boucliers humains par les forces de défense et de sécurité (FDS) lors des affrontements. L’UNICEF et plusieurs organisations de protection de l’enfance demandent à l’État du Sénégal de « mener une enquête pour situer les responsabilités. »
Les images choquantes, inadmissibles et insupportables se multiplient sous le régime de Macky Sall
La communauté internationale a aussi découvert les images choquantes des forces de l’ordre pénétrant dans l’hémicycle brutalisant parfois et empêchant les députés de l’opposition d’exercer leur mission. Les évènements récents datant de sa décision de reporter illégalement l’élection ternissent davantage l’image de Macky Sall et du Sénégal. Les députés de la majorité présidentielle (Benno Bokk Yakaar) et de Wallu (du PDS) ont entériné, sans débats le report de la présidentielle au 15 décembre 2024 sans la présence des députés de l’opposition qui ont été évacués de force de l’hémicycle par les forces de l’ordre (les agents de la GIGN). « Nous sommes particulièrement alarmés par les informations selon lesquelles les forces de sécurité ont expulsé de force des parlementaires qui s’opposaient à un projet de loi visant à retarder les élections, ce qui a donné lieu à un vote à l’Assemblée nationale qui ne peut être considéré comme légitime,compte tenu des conditions dans lesquelles il s’est déroulé », mentionne la déclaration du porte-parole du département américain, le 6 février.
Dans les pays démocratiques , de tels gestes ne sauraient être tolérés, puisque les députés représentent des circonscriptions mais aussi le peuple de manière générale. La démocratie parlementaire est essentielle pour servir de contrepoids.
L’image de la personne à mobilité réduite habitant à Ziguinchor- que les forces de défense et de sécurité ont extirpé de force de son fauteuil roulant, avant de le briser par la suite, a fait le tour du monde. Ils ont alors roué la victime de coups de fusils sur la tête et le visage alors qu’elle ne faisait que manifester tranquillement avec un drapeau à la main. Le Sénégal devient encore une fois la risée du monde avec des gestes inhumains qui n’honorent pas le pays, peu importe l’obédience politique des citoyens. Sans compter cette autre image honteuse de la femme frappée à la tête par derrière par un policier. On assimile le Sénégal avec la Palestine et l’Ukraine (voir reportage de France 24, une semaine dans le monde : Gaza, Sénégal, Ukraine) sur les plateaux de télévision et réseaux sociaux.
Le dictateur Macky Sall a dilapidé tout l’héritage démocratique sénégalais chèrement acquis par plusieurs générations et qui lui a permis d’être président du Sénégal. Contrairement à ses prédécesseurs (Senghor, Diouf et Wade), le président Macky Sall ne laissera aucune lettre de noblesse à la démocratie sénégalaise. Un président n’ayant pas une ouverture d’esprit développée n’a pas forcément la même sagesse que ses prédécesseurs qui pouvaient tester les limites des Sénégalais et savaient reculer au bon moment. Le président Abdou Diouf sur la bonne tenue des élections de même que le recul de Me Abdoulaye Wade sur le quart bloquant à l’Assemblée nationale, le changement de ministre de l’Intérieur pour organiser les élections libres et transparentes, avaient fait preuve de dépassement politique, des gestes salués par l’écrasante majorité du peuple sénégalais.
Le président Macky Sall a exercé plus de 12 ans de terrorisme d’État sur les citoyens qui ne sont pas favorables à sa politique et sa vision népotique. Ce président a toujours été en conflit ouvert permanent avec son peuple et l’opposition. Au Sénégal, les seules manifestations autorisées ont été largement celles organisées par le parti au pouvoir ou ses alliés.
Les Sénégalais réclament la tenue de l’élection présidentielle avant la fin du mandat du président Macky Sall, le 2 avril 2024. Vigilance et mobilisation sont les maîtres mots jusqu’au départ du putschiste Macky Sall. C’est sous sa présidence que le Sénégal est devenu la risée du monde. En 2024, les dictatures et les crimes politiques ne devraient plus exister sous aucune forme.
Par ses gestes anti-républicains répétitifs, la communauté internationale a lâché le président Macky Sall, et ce depuis très longtemps. Les dirigeants américains, très actifs et pragmatiques, continuent de mettre la pression sur le dictateur Sall en lui demandant de respecter la Constitution. Le Sénégal qui lui a tout donné ne mérite pas le sort que le président Macky Sall lui réserve.
Peu importe ses manigances ou subterfuges de faux dialogues pour confisquer le pouvoir, le peuple sénégalais restera debout et finira par retrouver sa souveraineté. Il y aura certainement un Sénégal d’avant et d’après Macky Sall.
Doudou Sow, sociologue, auteur et lauréat du Mois de l’histoire des Noirs