Le Président-putschiste a conscience, au crépuscule de son pouvoir sans limite et sans frein, du tort immense qu’il a porté à nos corps meurtris et à nos esprits brimés. Il sait que tout fini par des souvenirs.
Le Président-putschiste a conscience, au crépuscule de son pouvoir sans limite et sans frein, du tort immense qu’il a porté à nos corps meurtris et à nos esprits brimés. Il sait que tout fini par des souvenirs. Pour lui tout finira par des affreux souvenirs, par l’impossible retour à la vie normale avec les pauvres gens. Il redoute l’inévitable face-à-face avec la population lorsqu’ôté de la toge et des lambris du pouvoir, il devra croiser les yeux inquisiteurs des populations qu’il toisait et maltraitait. L’enfer des autres est déjà dans son subconscient. Le Président-putschiste veut effacer le passé. Il veut absoudre ses péchés. Il veut par effraction intégrer le paradis des années interminables à venir, sans pouvoir, à la merci des jugements des pays aux lois de compétences universelles, à la merci du retour à la vie ordinaire, qu’il ne manquera pas de rencontrer partout où il ira se réfugier.
Il y a eu des assassinats, beaucoup trop d’assassinats. Il y a eu des crimes économiques, beaucoup trop de crimes économiques. Il y a eu des injustices notoires, des abominables jugements à la tête du client, des forfaitures, des accaparements injustes et violents de terres, de biens, de femmes d’autrui et d’enfants.
Il y a eu des humiliations d’hommes, de femmes, de familles, d’ethnies, etc. Beaucoup de personnes ont perdu le goût de la vie, l’espoir de vivre heureux dans leur pays. Pour sauver leur honneur et leur dignité, beaucoup de nos compatriotes se sont exilés. (…) Il est impossible de lister les torts que le Président-putschiste a créé, suscité et entretenu.
Maintenant qu’il doit partir, il veut tout effacer de notre mémoire, procéder à un lavage de cerveau brutal comme furent brutaux ses actes injustes. Il veut pardonner et faire pardonner à ceux qui ne demandent pas pardon mais qui crient à tue-tête justice, justice!
À quoi sert un pardon factice s’il n’y a pas réconciliation ?
En fait, nous ne sommes pas au temps des comptes et mécomptes mais au temps de la pacification de l’espace politique. Le temps viendra, lorsque le Président-putschiste quittera pour de bon le pouvoir, le temps de la vérité, de la justice, de la réparation et de la réconciliation. L’oubli n’existe pas face à la cruelle injustice. Seules la vérité et la justice peuvent apaiser les cœurs, atténuer les rancœurs et rendre la mémoire moins cruelle.»