« Si on rate encore le coche, les 50 prochaines années seront très difficiles. C’est pour cette raison que nous appelons les militants, sympathisants et l’ensemble des Sénégalais à s’engager pour un changement radical. Il faut préparer la jeunesse à aller s’inscrire dans les listes. Allez créer des cellules jusque dans le Sénégal des profondeurs », indiquait Ousmane Sonko aux citoyens sénégalais lors de son point de presse du 18 août 2022. Cette assertion du leader symbolisant la résistance contre la dictature est plus que jamais d’actualité. Comme Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye est le candidat de la jeunesse, de l’espoir et du changement.
Bassirou Diomaye Faye, le candidat de la rupture
Le Sénégal qui est à la croisée des chemins peut choisir un des dix-neuf candidats présentant des profils variés et des expériences différentes fort intéressantes. Le candidat Bassirou Diomaye Faye qui bénéficie du soutien indéfectible de l’opposant Ousmane Sonko, lui-même écarté arbitrairement de l’élection, est celui qui a de meilleures chances de remporter ce scrutin crucial pour plusieurs raisons. La figure montante de l’opposition Bassirou Diomaye Faye, tout comme son mentor Ousmane Sonko, incarne « l’antisystème » optant ainsi pour une rupture systémique, une position qui convainc l’écrasante majorité des jeunes, tout comme ceux qui rêvent d’une démocratie participative. Le candidat Idrissa Seck a une expérience d’État avérée et en est à sa quatrième tentative. Le fonctionnaire international Aliou Mamadou Dia est un candidat issu d’un parti discipliné et structuré qui a souvent progressé dans l’électorat. Boubacar CAMARA, Cheikh Tidiane DIEYE, Déthie FALL, Daouda NDIAYE, Habib SY, Khalifa Ababacar SALL, Anta Babacar NGOM, Amadou BA, Serigne MBOUP, Papa Djibril FALL, Mamadou Lamine DIALLO, Mahammed Boun Abdallah DIONNE, El Hadji Malick GAKOU, Aly Ngouille NDIAYE, El Hadji Mamadou DIAO, Thierno Alassane SALL sont aussi en lice pour la Présidentielle.
Lieutenant et proche de Sonko, le candidat Bassirou Diomaye Faye rappelait, le 15 mars, lors de la première conférence de presse conjointe avec son mentor au lendemain de leurs sorties de prison ceci : « Pendant 15 ans aux impôts, j’étais un fonctionnaire orthodoxe exemplaire qui a œuvré pour son pays ». Comme Sonko, le numéro 2 et secrétaire du parti Pastef Bassirou Diomaye Faye n’a jamais volé ou détourné l’argent du contribuable sénégalais durant son parcours professionnel. Bassirou Diomaye Faye a prouvé plusieurs fois son patriotisme, dans sa défense des intérêts exclusifs du Sénégal quand il était Secrétaire général du Syndicat des impôts (lire à ce sujet notre prochain texte). Celui qu’un journaliste surnomme Bassirou Ndingler a aussi défendu de manière désintéressée des habitants dudit village expropriés de leurs terres. Le candidat du peuple s’était farouchement battu pour la cause des paysans (nous reviendrons sur son rôle crucial dans ce dossier).
Amadou Ba, candidat de l’APR, « le plus grand danger qui guette aujourd’hui le Sénégal »
En fin stratège ayant le sens de l’anticipation, le leader Ousmane Sonko a soutenu que « le plus grand danger qui guette aujourd’hui le Sénégal, c’est Amadou Ba et il ne compte que sur l’argent ». Selon Sonko, « donner le pays à Amadou Ba reviendrait à le donner aux étrangers ». « Les Sénégalais doivent se demander d’où viennent les milliards d’Amadou Ba. Moi, lui et Diomaye exerçons le même travail. Donc, d’où viennent ses milliards ? », c’est la véritable question à poser renchérit-il et non un débat sur sa nationalité.
Il a tenu ses propos en conférence de presse du vendredi 15 mars, lesquels propos ont été réitérés en soirée lors de sa première très populaire caravane post-prison à Dakar lorsque la foule vilipendait Macky Salldont son second mandat prend fin le 2 avril. « Le seul adversaire actuellement, c’est Amadou Ba ». En d’autres termes, Sonko alerte ses militants, sympathisants et le peuple sénégalais en attirant leur attention sur le fait qu’il ne faut plus se tromper de cible. Il dénonce les manœuvres du candidat de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY- « unis pour le même espoir ») Amadou Ba qui « compte utiliser ses pions dans l’administration et l’argent pour voler les élections ». Mieux vaut prévenir que guérir, car comme Ousmane Sonko l’a mentionné, il sera difficile de contester les résultats une fois proclamés, fussent-ils faux. Sonko en sait plus sur la tentative de hold-up électoral qu’il n’en dit et il a même demandé au président Macky Sall de veiller au moins à la transparence des élections. La maîtrise du fichier électoral, la sécurisation du vote le jour des élections et le vote massif dès le premier tour pourraient endiguer toute tentative de fraude.
Amadou Ba, le candidat fonctionnaire milliardaire qui revendique la continuité du bilan du président sortant Macky Sall
Le camp présidentiel a porté son choix sur un candidat fonctionnaire milliardaire en la personne d’Amadou Bâ, lui aussi un candidat du système qui espère remporter la prochaine élection présidentielle de mars 2024. Le candidat du statu quo Amadou Ba, qui s’exprimait les liens entre la France et le Sénégal, de dire en ces termes ceci : « Le seul problème entre nos deux pays (France et Sénégal), Madame la Première ministre (Élisabeth Borne), c’est qu’il n’y a pas de problème. Il n’y en a aucun. ». Cette déclaration de l’ancien premier ministre sénégalais lors de sa visite en France le 8 décembre 2022 est symptomatique de l’état d’esprit de celui qui souhaite diriger le Sénégal. En matière de renoncement de défense du patriotisme économique, Amadou Ba le candidat imposé par la France sera Macky Sall fois 2.
Ses adversaires politiques -Diomaye a donné des faits précis lors de la conférence- et le redoutable Mollah Morgun, surnommé inspecteur par ses fans, l’accusent très souvent de procéder à « des exonérations fiscales d’entreprises étrangères et locales en contrepartie de pots de vin ».
Nous rappelions dans un de nos textes en date du 21 janvier 2024 et intitulé « Présidentielle 2024 | Une union sacrée autour de l’essentiel pour un Sénégal souverain et porteur d’espoir » que « le phénomène de fonctionnaires milliardaires bénéficiant d’une impunité est une réalité tristement sénégalaise. (…) Il n’y a qu’au Sénégal qu’on retrouve des fonctionnaires milliardaires, une aberration dans un pays pauvre où les maigres deniers publics des contribuables sénégalais devraient normalement être préservés pour les générations actuelles et futures. Des réformes de la justice pour une bonne gouvernance des ressources s’imposent alors de manière efficiente et durable ».
Le patriotisme notamment économique est un enjeu central dans cette élection. Ce n’est pas pour rien que les candidats ayant une lecture éclairée des enjeux essaient de souligner dans tous leurs discours et/ou programmes les termes patriotisme et jeunesse (Boubacar Camara, Cheikh Tidiane Diéye, Mamadou Aliou Dia, Bassirou Diomaye Faye, Habib Sy…). La fonction première d’un président de la République est de défendre les intérêts exclusifs de son pays. Avec l’exploitation des ressources naturelles, le Sénégal ne peut se permettre de confier les rênes du pays à un président qui ne met pas de l’avant le patriotisme économique.
Il faut alors parler du bilan du président Macky Salldont Amadou Ba qui est à ses côtés depuis 12 ans revendique la continuité. Le président Macky Sall a érigé en système une justice sélective et une mauvaise gouvernance économique. La bonne gouvernance a toujours été une préoccupation fondamentale de la population sénégalaise.
Le peuple doit démontrer au clan de Macky qu’il lui a définitivement tourné le dos. Le bilan ne se mesure pas seulement sur les infrastructures mais sur les valeurs régissant les institutions, l’amélioration de la qualité de vie, la lutte contre le chômage et la bonne gouvernance. C’est le rôle même du président de la République de construire des infrastructures, surtout avec des budgets colossaux à sa disposition. On constate que plusieurs projets d’infrastructures entraînent des surcoûts estimés à des milliards de dollars endettant du coup les générations actuelles et futures alors que des besoins de base ne sont pas pris en compte (hôpitaux, écoles, accès à l’eau potable, autosuffisance alimentaire, etc.).
Il y a eu tellement de scandales sous ce régime qu’on en oublie. Le thème de l’impunité qui faisait partie des enjeux lors des élections législatives du 31 juillet 2023 est aussi d’actualité dans cette élection présidentielle.
L’industrialisation pour régler le problème du chômage endémique mais aussi l’investissement dans la formation favoriseront, entre autres, l’arrimage entre le profil des candidats et les besoins des employeurs. L’émigration irrégulière est le symbole d’un échec cuisant du régime sortant.
L’élection du candidat Amadou Ba désigné par le président Macky Sall apparaîtra comme une caution, une carte blanche du peuple sénégalais pour la poursuite de l’impunité, de la privation des droits, de la mauvaise gouvernance, du népotisme, de la spoliation des ressources naturelles, bref une prime contre la démocratie.
Cette élection du 24 mars pourrait alors se présenter comme un référendum entre un camp qui prône la continuité d’un système contre celui de la rupture incarnée par l’opposition radicale et/ou représentative. Le dernier mot revient à la population sénégalaise, qui est le seul arbitre du jeu démocratique.
Doudou Sow, sociologue, auteur et lauréat du Mois de l’histoire des Noirs