Analyses des orientations du gouvernement pour la campagne agricole 2024

La commission agriculture du Mouvement National des Cadres Patriotes (MONCAP) a toujours joué un rôle d’analyse minutieuse des orientations gouvernementales concernant l’agriculture. La commission compte renforcer cette dynamique avec l’arrivée du nouveau gouvernement. L’objectif de ce document est d’examiner en détail les orientations du gouvernement pour la campagne agricole 2024. Les analyses approfondies, les points de vigilance relevés et les recommandations formulées dans ce document visent uniquement à contribuer à la réussite optimale des initiatives gouvernementales pour cette campagne agricole.  

Analyses et recommandations :

Les recommandations issues du conseil interministériel du 3 mai 2024, révèlent une détermination claire de l’État à rompre avec l’opacité qui a entravé pendant longtemps l’atteinte des résultats escomptés et des progrès attendus dans le secteur agricole. L’augmentation du budget de la campagne à 120 milliards de Fcfa, soit une hausse de 20% par rapport à l’année précédente, illustre la volonté de stimuler les performances de la production agricole. Cette augmentation historique du financement de la campagne est en parfaite adéquation avec les orientations du programme “LE PROJET”, qui vise à faire de l’agriculture le moteur de l’économie sénégalaise.

Le défi de la transparence dans la gestion : Il est important de souligner que ce financement de 120 milliards ne peut porter ses fruits que s’il est géré de manière transparente et qu’il parvienne effectivement aux bénéficiaires légitimes. Heureusement, des recommandations solides allant dans ce sens ont été émises lors du conseil interministériel, et leur stricte mise en œuvre par les services de l’État constituerait un pas en avant considérable. La circulaire N° 00566 du 10 mai 2024 du Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Élevage, définissant les missions et la composition des commissions de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de cession des intrants, témoigne de l’engagement en faveur de la transparence. Le fait d’adopter une gouvernance participative dans la distribution des intrants pourrait efficacement empêcher les pratiques frauduleuses constatées lors des campagnes précédentes.

La qualité des semences : Le défi de la qualité des semences est devenu de plus en plus préoccupant. Il est essentiel de veiller à ce que les semences fournies par les fournisseurs répondent aux normes légales afin de garantir leur qualité. La semence représente le premier intrant de base en agriculture et peut influer à elle seule jusqu’à + ou – 35% sur le rendement agricole. Les services compétents (DISEM, DRDR, SDDR, etc.) doivent veiller davantage à la qualité des semences, en s’assurant de leur pureté variétale, de leur état sanitaire et de leur faculté germinative, avant leur mise à disposition aux agriculteurs. 

Limitation des engrais chimiques en faveur d’une agriculture plus durable : toutes ces années, une part importante (représentant entre 40 et 59%) du budget de la campagne agricole est allouée aux subventions des engrais de synthèse. Cette utilisation continue de ces engrais chimiques contribue à la salinisation des sols, aggravant ainsi un problème déjà présent sur une grande partie de nos terres agricoles. Bien que des efforts aient été effectués ces dernières années pour intégrer les amendements et les engrais organiques dans la commande des intrants, il est nécessaire de revoir à la hausse leurs quantités afin de réduire de manière significative l’utilisation des engrais chimiques et ainsi mieux préserver nos sols. La sur-dépendance des agriculteurs à l’égard des engrais pour obtenir de bons rendements limite l’adoption de pratiques agricoles durables.

Les statistiques agricoles : Malgré les efforts consentis par la Direction d’Analyse et de Prévision des Statistiques Agricoles (DAPSA), la fiabilité des statistiques agricoles demeure un sujet de controverse, remettant en question les résultats des campagnes de production agricole. À titre illustratif, lors d’une déclaration publiée dans le quotidien “Le TÉMOIN” N°1852 du 7 au 10 avril 2023, l’ancien Premier Ministre a contesté la cohérence des statistiques avancées par le ministre de l’agriculture de l’époque pour la campagne agricole 2022/23, ce qui appuie les préoccupations de la commission agriculture du MONCAP sur la fiabilité des statiques agricoles. L’absence de données agricoles fiables peut compromettre les projections de production et rendre inefficaces les décisions politiques. Le ministre de l’agriculture devrait renforcer ses efforts dans ce cadre pour assurer la fiabilité des données agricoles. 

Production agricole et post-production : Les défis de la production agricole au Sénégal sont multiples et varient selon chaque filière. En ce qui concerne l’horticulture, les pertes post-récolte et l’accès aux marchés d’exportation sont des obstacles significatifs à surmonter. Il est nécessaire de mettre à disposition les infrastructures de stockage comme recommandées lors du conseil interministériel.

Pour ce qui est de la production, la mise en place des coopératives agricoles telle que prévue par le gouvernement pourrait faciliter l’accès au matériel agricole et ainsi alléger les pénibles goulots d’étranglement qui affectent drastiquement la productivité agricole. Par ailleurs, nous avons longtemps constaté que la partie post-production de la chaîne de valeur agricole bénéficie moins d’attention de la part du gouvernement, ce qui compromet les efforts consentis en amont (pré-production, production). Par conséquent, si les résultats escomptés pour cette campagne sont atteints, le gouvernement doit être prêt à faire face à des niveaux de production records.

Concernant l’élevage : Parmi les 23 recommandations du conseil interministériel pour la préparation de la campagne agricole 2024, aucune ne traite de manière explicite la question de l’élevage. Surtout l’élevage extensif qui constitue une partie importante du développement agricole et une réalité socioculturelle au Sénégal. Ce manquement soulève encore des préoccupations quant à la prise en compte de l’élevage extensif qui occupe une grande part de la population. 

Les besoins en moutons de Tabaski tournent autour de 810.000 moutons, selon les sources officielles. Compte tenu du niveau de vie des sénégalais, selon le président du Conseil National de la Maison des Éleveurs du Sénégal, les moutons les plus achetés coûtent entre 80.000 F CFA et 150.000 FCFA. Ce lot est essentiellement fourni par l’élevage extensif qui, malheureusement, ne bénéficie pas suffisamment d’attention dans les politiques publiques.

Les principales contraintes de l’élevage extensif sont : i) les effets du changement climatique ; ii) la perte d’espaces et la mobilité réduite à cause de l’avancée du front agricole ; iii) la réduction des couloirs de transhumance ; iv) le manque d’eau (panne récurrente de forages pastoraux) ;v) le vol de bétail ; vi) la production de fourrage en quantité et en qualité quasi inexistante pour booster la productivité.

     Commission Agriculture – Sous-commissariat Agriculture MONCAP Diaspora

Ne manquez plus jamais une nouvelle importante. Abonnez-vous à notre newsletter.

Ne manquez plus jamais une nouvelle importante. Abonnez-vous à notre newsletter.

Dernières nouvelles

Le choix de la rédaction