À l’annonce de cette décision tant attendue, je suis tiraillé entre deux sentiments aussi irrésistibles l’un que l’autre : l’amertume d’un constat et la satisfaction d’un succès.
Le constat, c’est une classe politique à l’affût de ses seuls intérêts. Une tristesse plus forte que tous les mots. Combien de cas ont été ignorés, qui méritaient la mise en place d’une Commission d’enquête, malgré la demande de collègues parlementaires : 45 milliards d’armement achetés par le ministère de l’environnement, Rapport Cour des comptes sur les fonds forces Covid… ? Mais là, il a suffi qu’un candidat fût écarté, pour voir avec quelle célérité des députés pouvaient s’empresser de proposer la mise en place d’une Commission, « montée » en mode « fast track », pour ameuter tout un peuple, accuser d’honnêtes fonctionnaires, voter une loi en violation de tous les textes légaux et réglementaires. Une manœuvre malsaine qui nous aura coûté trois autres vies, et encore des blessés et arrestations. Si besoin en était encore, cela prouve que certains membres de la classe politique ne perçoivent la finalité de son combat prétendument citoyen que sous l’angle de gains qu’ils peuvent en tirer, de menus intérêts matériels et privilèges qui priment même sur la vie et l’intérêt de la nation. Le pays n’a jamais été leur priorité. Leurs combats les plus farouches ont été livrés pour l’unique conquête d’un prestige ou de privilèges.
Le succès – en écartant tout triomphalisme – c’est de voir un peuple debout, qui a livré un combat épique, une lutte farouche, pour le respect et la sauvegarde de ses intérêts. Une victoire pour laquelle des citoyens ont payé le lourd tribut de leur engagement. Pas une seule famille où la désolation n’a été semée, soit par un emprisonnement arbitraire, soit par la perte d’au moins un de leurs membres, parfois dans des conditions abominables et jusque-là non élucidées. Le souvenir restera toujours vif de ces vies innocentes cueillies au champ des revendications citoyennes légitimes, et ne peut ni ne doit s’estomper par des promesses de dernier souffle. Les Sénégalais ont refusé avec l’énergie du désespoir de cautionner la servitude galopante qu’on voulait leur imposer. Ils ont su, surtout les jeunes, refléter avec éclat l’image du Patriote en chef, le PROS.
Disons-le sans fard : le président Ousmane SONKO demeure fidèle à son serment envers le peuple sénégalais de ne jamais le trahir par des deals sur son dos. La jeunesse lui est redevable de son éveil, pour être resté droit dans ses principes malgré toutes les tribulations qu’il a endurées sans jamais flancher. Il a frayé à la jeunesse le sentier qui lui faisait tant défaut, de savoir que seules la détermination et l’abnégation pourront mener à la destination des rêves les plus inespérés. Il a lutté et continue de lutter. Il a su anticiper les coups, avec des vidéos en prévision de son arrestation. Cet appel d’outre-prison doit sonner comme une leçon : une lutte se mène sans relâche. S’il n’était intéressé que par des postes politiques ou des intérêts individuels, il aurait abdiqué il y a longtemps. Si sa seule personne l’intéressait, il n’aurait pas battu campagne pour une liste de députation dont il était déjà exclu ou désigner qui le remplacerait au cas où sa candidature serait empêchée. Tous ces actes posés par le président sont autant de leçons que d’abord un pays ne peut s’affranchir que par ses enfants ; mais aussi que le combat pour un peuple ou une nation doit transcender tous les intérêts individualistes et ne s’accommodent guère des compromissions.
Honorable député Dr Ismaila Diallo