Après moult péripéties et un report qui a occasionné quatre morts (tous des jeunes) et des dégâts matériels, l’élection présidentielle initialement fixée au 25 février, se tiendra, on l’espère bien, le 24 mars prochain. Cette douzième élection présidentielle revêt une importance capitale avec des enjeux politiques et économiques cruciaux. La production du premier baril de pétrole de Sangomar, prévue en décembre 2023, devrait avoir lieu en juin 2024.L’exploitation du projet gazier de Grande Tortue Ahmeyim (GTA), entre le Sénégal et la Mauritanie, devrait démarrer au troisième trimestre de 2024.Outre les hydrocarbures, notre sous-sol regorge d’immenses ressources minières telles que l’or, le zircon, le fer, l’uranium, ou encore le titanium; sans compter d’inestimables ressources halieutiques qu’offre un littoral de plus de 700 kilomètres. En plus des terres arables inépuisables et une population en majorité jeune. De telles richesses, naturellement,aiguisent l’appétit des puissances étrangères et des multinationales.
Malgré ces richesses considérables, le Sénégal se trouve dans le pitoyable lot des 25 pays les plus pauvres de la planète. Il est déplorable de constater que des pays qui n’étaient pas plus nantis que le nôtre à l’aube des indépendances nous ont largement surclassés. Un seul fait peut expliquer cette sombre situation où végète notre pays: la mal gouvernance.Depuis l’indépendance, mais encore pire ces douze dernières années, le clientélisme, le pilotage à vue, la gabegie, le népotisme, la prévarication, sont érigés en mode de gestion. Il est plus qu’urgent de renverser la tendance et remettre notre pays sur de bons rails. C’est en ce sens que l’élection présidentielle de dimanche est cruciale et son issue décisive pour le peuple sénégalais.
Cette présidentielle du 24 mars est inédite sous plusieurs aspects. C’est la première fois depuis l’indépendance que le président en exercice n’est pas candidat; c’est la première fois qu’on voit un nombre si pléthorique de candidats (une vingtaine); c’est aussi et surtout la première fois que le chef de l’État prend un décret, à dix heures du démarrage de la campagne, pour reporter une élection présidentielle.Autre particularité de cette élection, une campagneélectorale de seulement deux semaines avec le candidat favori qui sort de prison pour rallier ses troupes. Toutefois, cet imbroglio politico-judiciaire a été installé dans le seul but d’empécher la participation de Pastef, la plus grande formation politique de l’opposition, à cette élection. Des manœuvres dilatoires inutiles et même contre-productives, car Pastef, bien que dissous, a pu présenter trois candidats; il est vrai qu’ils ont réussi à écarter Ousmane Sonko, mais ce dernier est bien présent, et de quelle manière, dans cette ampagne électorale.
Gagner dès le premier tour, tel est l’objectif de la coalition Diomaye Président. Un objectif qui est à notre portée, mais il nous faudra afficher une grande détermination et une vigilance de tous les instants le jour du scrutin. La coalition au pouvoir joue ses dernières cartes et cherchera à tout prix à perpétuer son règne. Depuis la dernière présidentielle de 2019, le pouvoir en place s’emploie à corrompre le processus élélectoral. Depuis trois ans,l’administration chargée de l’organisation des élections, la Dge en particulier, n’a cessé de manipuler le fichier et la carte électorale. Le 6 avril 2023 démarrait une révision exceptionnelle des listes électorales d’une durée d’un mois, au lieu des six mois prévus par le code électoral (du 1er février au 31 juillet). Résultat : seulement 370.000 nouveaux inscrits, dont 35.000 dans la diaspora. Un chiffre dérisoire en rapport à ce qu’il aurait été si la période avait été longue. Un stratagème qui a permis d’écarter des listes électorales un grand nombre depotentiels électeurs, notamment les jeunes. Le parrainage, toujours en vigueur malgré l’arrêt de la cour de la Cedeao qui l’a désavoué, s’est révélé plus un bouchon qu’un filtre. Lors des dernières opérations de parrainage, la coalition au pouvoir a dit détenir 3.500.000 parrains, donc autant d’électeurspotentiels. Une affirmation qui a du mal à convaincre, car ils ont pris la précaution de choisir le parrainage des élus pour leur candidat.
Des statistiques font état de l’existence de 826 bureaux de vote fictifs impactant 465.291 électeurs et 1054 bureaux de vote non localisables avec 565.000. Sans compter les abris provisoires dont on ne pas le nombre exact. Le véritable défi pour nous, sera d’être vigilants et de communiquer toute information utileen temps opportun, afin de parer à toute tentative de fraude. Le meilleur antidote à un éventuel hold-up électoral est encore de voter massivement et de sécuriser nos votes.
Cette deuxième élection présidentielle à laquelle nous participons peut bien être la bonne. À juger dela marée humaine qui accompagne la coalitionDiomaye Président et l’affluence lors de chaquemeeting, l’espoir est permis. L’espoir de voir notre pays enfin entre de bonnes mains, des mains propres. L’espoir de vivre dans un pays qui garantit la justice sociale et l’équité pour tous. L’espoir de voir nos ressources naturelles et les biens qu’elles génèrent équitablement réparties. L’espoir de rompre l’impérialisme économique et culturel pour une réelle souveraineté. L’espoir de mesures fortes et concrètes en faveur de la diaspora pour encourager le retour de ressources humaines dont le pays a tant besoin. Enfin, l’espoir d’une véritable alternative pour une profonde rupture.
“Jotna li ñëpp bokk nëpp jot ci.”
Mangue SÈNE, Pastef Rome