Discours sur la survivance opiniâtre

Africaines, Africains, 

Sénégalaises, Sénégalais,

Chers compatriotes, Chers patriotes,

Nous vivons aujourd’hui dans une société de la peur. 

Il y a eu une peur rampante, insidieuse et trop longtemps ignorée. 

Une peur devenue inhibante, installée au cœur de nos pays, au cœur du Sénégal, au point de figer toutes les énergies, d’enterrer tous les espoirs, de semer la fatalité dans l’esprit et le coeur de chacun. 

Une peur coupable, une peur inavouable qu’on a refusé d’admettre parce que répugnante, parce que déconsolidante de l’âme et de nos certitudes les plus élémentaires. 

Le mécanisme qui a installé cette peur n’est pourtant pas nouveau. 

Un regard rétrospectif permet de réaliser que l’Afrique a fait les frais de l’esclavage, de la colonisation et du néocolonialisme dont la représentation la plus brutale au Sénégal est la Françafrique toujours aussi puissante, toujours aussi intrusive, toujours aussi malvenue, mais toujours aussi d’actualité. 

Ces différents projets d’aliénation, d’asservissement et de déshumanisation se sont lourdement appuyés sur la peur.

Le Sénégal d’aujourd’hui, que j’observe avec une certaine distance nécessaire à l’analyse, me renvoie en pleine figure, cette peur brutale et innervante. 

Peur de s’opposer à l’oppresseur,

Peur de l’inconnu au motif d’une illusion de sécurité faussement garantie par l’oppresseur. 

Peur de voir la réalité de sa propre condition.

Des siècles de peur ont passé depuis, mais le désastre est toujours de la même acuité, les armes sont toujours les mêmes, les larmes toujours les mêmes. La seule chose qui change, c’est l’oppresseur qui aujourd’hui est des nôtres. 

Cette stratégie de la peur, c’est aujourd’hui le fonds de commerce des tenants du pouvoir, avec à leur tête, un Monarque ensommeillé et insatiable : apeurer pour mieux régner.

“Vous devez avoir peur de tourner la page, car l’inconnu vous sera fatal. 

Vous devez avoir peur de rêver car le réveil sera cauchemardesque. 

Vous devez avoir peur des aventuriers car nous, les expérimentés, sommes les seuls à même de garantir la stabilité. 

Vous devez avoir peur les uns des autres…

Et encore, et encore ! “

Autant de graines de peur semées en chacun de nous, au point de créer de la méfiance entre nous, d’ancrer des réflexes de conservation qui inhibent l’initiative et l’innovation.

Ce réflexe conservatoire de la peur est aujourd’hui fondamentalement instaurée dans le coeur de chaque Sénégalaise et de chaque Sénégalais.

La peur est un sentiment naturel qui peut nous rendre raisonnable face à un risque inconsidéré.

Mais c’est aussi un sentiment paralysant, une prison qui parfois nous transforme en spectateur de notre propre existence. 

Cette peur là est dangereuse et désastreuse pour notre pays. Cette peur qui nous fait traverser des mares d’horreurs et de disgraces sans sentiment, ressentir, si ce n’est l’indifférence. 

Cette peur qui nous fait passer à côté de l’essentiel, cette peur qui nous rend indifférent de cet essentiel, est à l’origine de la situation actuelle du Sénégal car les dirigants ont toujours fait peur aux Sénégalais en brandissant le bouclier de la prudence par la continuité.

Sénégalaises, Sénégalais,

Chers patriotes, Chers compatriotes,

Sachez que notre peur leur est favorable car elle leur permet de préserver leurs prébendes ; 

Notre peur leur permet de sauvegarder leurs avantages qu’un changement compromettrait ; 

Notre peur nourrit le système, ce système qui leur garantit aujourd’hui le droit de vie et de mort sur nous. 

Notre peur leur donne des prétentions sur nos libertés. 

Notre peur préserve le système, 

ce système qui leur permet de disposer de nos ressources en toute impunité, ce système qui protège les délinquants financiers, économiques et fonciers.

Notre peur sécurise la branche corrompue sur laquelle nos dirigeants sont confortablement assis.

Sénégalaises, Sénégalais,

Chers patriotes, Chers compatriotes, 

Notre peur est dangereuse pour le Sénégal.

Si l’enfant réussit à marcher à quatre pattes, à se lever pour faire pas après pas, marcher puis courir, c’est parce qu’il a su dompter ses peurs diverses.

Si le mal-voyant va de l’avant malgré son handicap visuel, c’est parce qu’il a su affronter sa peur de l’inconnu pour ne pas voir l’obstacle avant le chemin,

Si les vaillants parents qui sont parmi nous croisent le regard de leurs enfants avec sourire malgré les difficultés sociales que chacun d’entre nous connaît, c’est parce qu’ils ont vaincu la peur de la marmite vide, des pleurs silencieux au soir d’un oreiller sans taie, qu’ils ont dompté la peur qui coule des larmes invisibles et des regards pèsants des ventres vides. 

Dans ce Sénégal au règne obscur des de cruels sans-culottes devenus culottés par accident, ce sont ces soldats ordinaires là qui feront le changement.

Des pères et des mères, 

Des grands-pères et des grands-mères, 

des frères et des soeurs, 

des oncles et des tantes,

Des aventuriers, oui ! Des aventuriers

Qui sont les artisans du futur que nous devons construire ensemble.

Si Bakary II et tant d’autres ont pu découvrir de nouvelles contrées, c’est parce qu’ils avaient une âme d’aventuriers.

L’Amérique s’est construite grâce aux aventuriers de Far West.

Rosa Park et Claudette Colvin étaient des aventurières. 

Martin Luther King était un aventurier. 

Ils ont osé braver l’interdit pour ouvrir à toute une humanité, de nouvelles perspectives.

Ils ont ouvert de nouveaux sentiers quand tout un système leur dictait la façon de se comporter.

Lat Dior, Ndaté Yalla, Aline Sitoé, El Hadj Omar et tant ont été aventuriers en refusant le conformisme coupable dans lequel voulaient les enfermer les colons.

Oui ! Nous devons être des aventuriers et nous devons l’assumer. 

Nous sommes les Aventuriers du changement. 

Nous sommes les aventuriers qui œuvrons face au Lion qui dort et à sa cour oisive qui n’est bonne qu’à s’applaudir et s’autosatisfaire ; face à cette horde déloyale, cette horde sans cœur qui mutile ses morts. 

Nous sommes les Aventuriers pour un Sénégal nouveau qui ne se trompe pas de priorité. 

Nous sommes les cols bleus face aux cols blancs rapiécés au pouvoir. 

Nous sommes les défenseurs des valeurs qu’ils ont corrompues. 

Nous sommes ceux que la peur ne doit plus atteindre, ceux qui sont guéris de la peur. 

Nous sommes le peuple des sans sirène, coincés dans les embouteillages du matin au soir.

Le peuple de la faim, 

Le peuple de la soif,

Le peuple qui vit dans le noir,

Le vrai peuple que ce pouvoir prétentieux ne peut voir depuis sa tour dorée. 

Nous sommes le peuple qui refuse d’avoir peur,

Le peuple qui brave leur mise en garde,

Le peuple des Aventuriers,

Le peuple qui a compris que pour aller au paradis, il faut nécessairement mourir.

Nous n’avons pas peur du changement.

Nous n’avons plus peur du changement.

Nous n’avons plus peur de mourir face au paradis qui nous tend les bras. 

Chers patriotes, chers compatriotes, 

Refusons cette peur qu’ils veulent installer chez nous en utilisant la force comme ils l’ont déjà fait lors du vote de la loi sur le parrainage.

Comme ils le font en arrêtant à tour de bras sans raison, sans droit, sans égard, sans les moindres formes. 

L’esclavage a prospéré par la peur. 

La colonisation s’est installée par la cupidité et aussi par la peur. 

Politiciens ! Forces de l’ordre ! Ambulants ! Hommes de loi ! Hommes ! Femmes ! Pères ! Mères ! Filles ! Fils ! Gens ordinaires ! Gens de tous bord ! 

Interrogeons notre rôle sociohistorique pour nous demander quels témoignages nous souhaitons laisser à la postérité sur nos choix quand les temps étaient si sombres. 

Quels rôles avons-nous joués ? 

Quel camp avons-nous choisi ? 

Avons-nous agi et dans quel sens ? 

Avons-nous préféré la neutralité ? 

Avons-nous été indifférent ? 

Nous sommes-nous cru intouchables, superpuissants ? 

Avons-nous sauvé des vies ? 

Avons-nous tué les nôtres ? 

Les avons-nous fait souffrir ? 

Les avons-nous privé de leurs droits ? 

De leur voix ? 

De leur choix ? 

À chacun sa croix.

Telles sont les réflexions auxquelles je nous invite. 

Tels sont les combats qui méritent d’être menés. 

Ne laissons pas la peur nous habiter. 

Sénégalaises, Sénégalais d’ici et de la diaspora,

Chers patriotes, chers compatriotes, 

La peur doit changer de camp ; elle a même changé de camp sans qu’on ne l’ait véritablement perçu pour parachever la lutte.

Soyons conscients de nos forces et de leurs faiblesses. 

Vive les patriotes ! 

Vive la République ! 

Vive le Sénégal !

©️Un patriote 

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