FELWINE OU LE MANDAT SOCIAL

« Nous tenir éveillés » tel est le titre de la dernière contribution du professeur Felwine Sarr. Encore une fois de plus Felwine assume le mandat social de l’intellectuel. Quel est le mandat social de l’intellectuel ? C’est d’éclairer. Eclairer qui ? Le décideur. Qui est le décideur ? C’est le mandant. Qui est le mandant ? C’est le peuple. La décision pertinente comme l’action efficace requière l’éclairage des connaissances ou des informations. A qui incombe-t-il d’éclairer la décision ou l’action ? L’intellectuel. Qu’est-ce qu’un intellectuel ? La réponse que je donne est dans mon article : « Lettre aux bacheliers » 2017 paru dans le Soleil, le Quotidien et Dakar-Time à des dates différentes (cf. internet). L’intellectuel n’acquière pas seulement des connaissances comme le diplômé, il les assoit, les possède, se les approprie. Il les places simplement dans une perspective épistémologique : c’est-à-dire qu’il s’interroge sur leur finalité. La finalité de toute connaissance c’est d’éclairer notre existence. En quoi consiste notre existence : décider et agir ; de l’âge de raison à la mort. Comme nous l’enseigne Gaston Bachelard : « Toute connaissance est une réponse à une question ». Pour le Sénégal, les questions qui se posent sont : Où va le Sénégal ? Comment va le Sénégal ? Pourquoi il y va ? Où et comment fondent le constat d’échec. Mais pour y remédier, il faut chercher les causes de cet échec moral, social, politique…par Pourquoi. Felwine a répondu à ces trois questions. Pour résoudre un problème il faut s’attaquer à ses causes (pourquoi) malheureusement de manière très malhonnête on se limite aux conséquences, pour s’émouvoir de manière également hypocrite. L’illustration la plus achevée, à ce sujet, c’est la réflexion et le comportement de certains citoyens parmi lesquels de gros diplômés lors du soulèvement social du 1erjuin dernier. La première cause de ce soulèvement c’est le mensonge entretenu sur un prétendu viol depuis 2021 ; la cause première c’est ce fameux verdict qui est tombé ce jour-là. La réaction du peuple a été spontanée ; ce qui s’explique aisément : l’âme de la jeunesse est cornélienne et la voix du peuple c’est la voix de Dieu (Vox populi, vox Dei). Aujourd’hui, ceux qui nous dirigent doivent faire preuve de capacité d’écoute et d’observation. L’intelligence est dans la capacité d’écoute et d’observation. Comme nous l’enseigne Socrate : »Nul n’est méchant volontairement ; on l’est par ignorance ». Il est encore temps pour ce régime (les mandataires) de reconquérir l’indulgence du peuple (le mandant). Il faut pour cela poser des actes forts : changer de gouvernement (pas de « gouvernement de combat »), nommer des magistrats intègres qui vont remettre l’appareil judiciaire sur les rails de l’éthique et de l’équité. Le peuple n’est pas amnésique mais il est tolèrent. Le Sénégal est tombé très bas et il risque de s’enliser. Tous les secteurs d’activité sont en déliquescence du fait de la crétinisation de ceux qui sont mis à leur tête. Il y a cependant une lueur d’espoir : les peuples (Mali, Niger, Burkina Faso, Guinée Conakry…) se reprennent en main et cela comme une lame de fond qui ne laissera personne sur son chemin. La nouvelle vague de dirigeants que nos pays attendent doivent avoir une éthique DE l’équité et faire preuve d’intelligence par une bonne capacité d’écoute et d’observation. Il faut faire preuve de valeurs morales (le rapport à l’autre)  et intellectuelles (écoute, observation). A ces deux dimension de la personnalité il faut ajouter les dimensions : psychologiques (équilibre entre le corps et l’esprit), sociale (ouverture sur et à l’autre), physique (le corps et les cinq sens : ne pas laisser libre cour à son cœur. Il faudrait, comme nous y invite Jean Paul Sartre, la philosophie et la morale de l’engagement et de la responsabilité ; c’est-à-dire :                                      

– Philosophie : l’engagement et la responsabilité doivent constituer en nous une disposition de l’esprit et être intégrés dans notre processus de pensée et d’action (nos décisions et nos actions) ;

– Morale : ne jamais perdre ce vue que nous avons l’humanité en partage et que tout acte que nous posons n’engage pas que notre petite personne mais l’humanité tout entière ;

– Engagement : faire bien ce que nous devons faire et non ce que nous voulons faire ;

– Responsabilité : l’obligation morale et spirituelle de rendre compte de l’accomplissement de notre mission (d’enseignant, de journaliste, de magistrat, de gendarme, de Ministre, de Président de la République…de Croyant) ainsi que de l’usage fait des moyens (ressources  humaines, matérielles, financières et immatérielles) mis à notre disposition à cet effet. Pour un Croyant, ici ou AILLEURS, nous devons rendre compte.

Il est encore temps que ceux qui décident au nom du peuple(les mandataires) se ressaisissent car le réveil d’un peuple (le mandant) peut être brutal, donc incontrôlable   .

SEIGNEUR ! SEIGNEUR ! SEIGNEUR ! Sauve notre pays, le Sénégal. Amen.

Emmanuel KABOU 

EX Conseiller chargé de l’AIEA (Ministère de la recherche scientifique)

EX Directeur du CNDST (Ministère de la Recherche scientifique)

Conservateur des bibliothèques et Environnementaliste.

Retraité de l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de l’UCAD

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