« Le report d’une élection présidentielle est une fiction, ceux qui pensent ainsi doivent cesser de rêver » (déclaration de l’opposant Macky Sall, en campagne électorale en 2012)
Le 26 février 2012, le candidat-opposant Macky Sall postait sur twitter (X) cette déclaration suivante : « Je vous invite également à veiller au respect scrupuleux du calendrier républicain en rejetant catégoriquement tout projet ou tentative de report de l’élection présidentielle ». Dans ses interventions auprès des médias sénégalais, il s’exprimait d’un ton ferme en ces termes : « On peut repousser les élections locales, les élections législatives, mais s’agissant du président de la République, il ne peut pas prolonger son mandat [en parlant de l’ancien président Abdoulaye Wade]. Son mandat ne peut pas être prolongé même d’une journée sinon le pays serait dans le chaos parce que les gens ne le reconnaitront plus et il n’y aura plus d’autorité dans ce pays.
À partir du moment où le président n’est plus reconnu [poursuit-il], chacun fera ce qu’il veut et c’est dangereux pour le pays. Le report d’une élection présidentielle est une fiction, ceux qui pensent ainsi doivent cesser de rêver », martelait l’opposant. Devenu président, Macky Sall veut maintenant demander aux Sénégalais d’accepter un coup d’État électoral qu’il dénonçait avec vigueur en 2012, à la veille du scrutin présidentiel. « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais », professe le chef de l’État sénégalais dont le mandat se termine officiellement le 2 avril 2024 conformément à la Constitution.
Très en verve, il multipliait les déclarations acerbes sous forme de menaces et d’avertissement visant à pousser l’ancien président à faire respecter scrupuleusement le calendrier électoral républicain : « Je viens vous dire de la façon la plus solennelle, que moi Macky Sall, je refuserai que le pouvoir use de subterfuges pour pouvoir reculer les élections. Je ne l’accepterai pas et je mettrai tout en œuvre pour faire face à cette imposture. Nous ne pouvons pas accepter sous quelque prétexte que ce soit, (..) que les élections de 2012 soient reportées ».
Les Sénégalais devraient alors lui appliquer sa propre médecine. Sentant aujourd’hui le pouvoir lui échapper, le président Macky Sall commandite des manœuvres pour faire croire à l’opinion nationale et internationale un scénario d’une crise institutionnelle afin de reporter l’élection cruciale du 25 février 2024. Si un tel coup d’État institutionnel se produit, le peuple devra alors prendre ses responsabilités face à cette énième forfaiture.
Même s’il y a eu des manquements sur le fichier électoral et du processus électoral de manière générale, l’activation de l’article 52 de la Constitution ne saurait prospérer comme l’a brillamment expliqué le mandataire Amadou Ba lors dudit point de presse. Sous la pression populaire nationale et internationale, Macky Sall a reculé sur la question de briguer un troisième mandat anticonstitutionnel. Seules une mobilisation citoyenne et une intervention de la communauté internationale peuvent faire reculer, avant qu’il ne soit trop tard, le président le plus impopulaire de l’histoire du Sénégal. Les conséquences risquent d’être énormes.
Depuis les indépendances du Sénégal en 1960, le pays de la Teranga (hospitalité) a toujours organisé à date échue le scrutin présidentiel. Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal n’a jamais connu de report de l’élection présidentielle. Le douzième scrutin présidentiel ne pourrait donc échapper à la règle du jeu démocratique.
Le seul problème du Sénégal s’appelle Macky Sall qui a, selon ses gestes, installé un chaos dans un pays dont il avait pris pourtant les rênes de manière pacifique. Le dictateur Macky Sall n’a jamais été un homme de dialogue encore moins de paix.
Les observateurs internationaux (CEDEAO, Union européenne et d’autres pays) sont pourtant déjà sur place pour surveiller le processus électoral Le report de l’élection entraînera un vide constitutionnel. Plus de 130 observateurs internationaux des 27 États membres de l’UE, mais aussi de la Norvège, de la Suisse et du Canada sont ou seront à Dakar, la capitale nationale. « La communauté internationale est donc témoin de ce qui se passe actuellement au Sénégal et ce qui se trame. », disait le doyen Habib Sy.
« Si jamais le président de la République devait dire qu’il s’arroge tous les pouvoirs de la Constitution, dites-vous que c’est un coup d’État constitutionnel et une haute trahison. Et en ce moment-là, nous sommes fondés à appeler la jeunesse, les femmes, les adultes, les Sénégalais d’ici et de la diaspora à nous battre pour reprendre le pouvoir au président Macky Sall », avertissait le professeur Marie Teuw Niane. « Si jamais, le président reporte les élections, on ne sait pas ce qui va se produire, parce que ce sera un précédent extrêmement dangereux. Et cela pourrait se propager demain dans les pays de la sous-région. (…) C’est une responsabilité partagée. », lançait ainsi le candidat à la présidentielle Habib Sy à l’endroit des membres de la communauté internationale qui sont pourtant prêts à dénoncer très rapidement certaines dérives lorsque leurs propres intérêts sont menacés.
Le report de l’élection entraîne de facto un vide constitutionnel. Face aux violations de la loi et à la régression démocratique d’un régime liberticide, plusieurs acteurs tendent la main aux amis du Sénégal et les partisans d’un État de droit. La communauté internationale [qui a déjà déployé des observateurs internationaux pour la transparence du processus électoral] a l’obligation d’intervenir selon la militante pour les droits de l’homme, ancienne fonctionnaire à l’ONU et ministre de la Justice de 2012 à 2013 AminataTouré « parce que le Sénégal a signé des conventions internationales ». Mimi Touré « invite les jeunes à exercer leurs droits constitutionnels de manifestation et a appelé les Sénégalais de la ville et de la campagne à se mobiliser contre tout report présidentiel (…). si on nous dit que l’élection ne se tiendra pas…C’est notre droit constitutionnel de descendre dans la rue et de manifester contre tout report à l’élection présidentielle ».
Malgré les sérieuses défaillances du processus de parrainage, l’élimination arbitraire des principaux adversaires politiques, dont le chef de l’opposition Ousmane Sonko; les électeurs sénégalais pensaient finir par avoir le dernier mot le 25 février 2024. Les amis du Sénégal ne devraient pas seulement attendre que l’irréparable se produise pour sortir des communiqués de timide condamnation. Il ne s’agit pas d’ingérences puisqu’ils interviennent souvent et promptement lorsque leurs intérêts sont menacés.
Un précédent extrêmement dangereux selon Habib Sy qui ouvrira une boite de pandore renchérit Mimi Touré.
Le président Macky Sall est un adepte du reniement éternel (« Je vais réduire mon mandat de 7 à 5 ans. » Je ne protégerai personne. » « La patrie avant le parti. »). Le docteur Cheikh Tidiane Diéye a raison de dire que le président « Macky Sall est tombé dans son propre piège ». Le candidat qui soutient Bassirou Diomaye Faye a aussi raison de rappeler les dérives de Macky Sall (emprisonnements arbitraires des leaders comme Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye, etc.), mais aussi ses appels répétés à la résistance lorsqu’il était dans l’opposition. « La confrontation avec le pouvoir est inévitable et l’armée devra prendre ses responsabilités aux côtés du peuple »., avait-il déclaré en tournée dans le département de Mbour, le 19 juin 2011. Le lendemain, le candidat de la coalition Macky 2012 pour la présidentielle du 26 février 2012 revient à la charge en disant ceci : « J’appelle tous les militants républicains et les Sénégalais soucieux de l’avenir de notre pays et de nos institutions de venir nous rejoindre dans la rue pour faire cesser le processus de monarchisation du Sénégal. Le combat contre le régime se fera dans la rue » (20 juin 2011).
Rien ne justifie le report de l’élection (techniquement, juridiquement, politiquement et socialement impossible que Macky Sall reporte les élections, comme le soulignait le fondateur de l’Institut africain de management Moustapaha Guirassy Il n’y a aucun dysfonctionnement des institutions. Le président Macky Sall est coutumier du forcing et ne connaît donc que le rapport de forces qui lui a permis jusqu’à maintenant de tout gagner contre l’opposition en emprisonnant certains leaders politiques. À chaque fois que les Sénégalais pronostiquent le fait que le président Macky Sall ne franchira pas le Rubicon, il déroule son plan sans être nullement inquiété se réfugiant derrière une justice instrumentalisée, les Forces de défense et de sécurité et une administration politisée.
Le combat doit être celui de toutes les forces vives de la nation parce que c’est l’avenir du Sénégal qui se joue actuellement. Un président qui a toujours été en conflit ouvert permanent avec son peuple et l’opposition.
Si le président Macky Sall aimait réellement le Sénégal, s’il avait « Le Sénégal au cœur » en référence à son livre, il devrait être le premier à vouloir la paix. Le hold-up électoral ne devrait pas passer et le chef de l’État Macky Sall doit libérer le peuple sénégalais. Pour sauvegarder leurs intérêts, un groupuscule de personnes serait prêt à semer le chaos au Sénégal.
Le dictateur Macky Sall a perdu la légitimité de gouverner le Sénégal, pays jadis reconnu pour sa tradition démocratique en Afrique. Il devient un président illégitime et n’aura besoin d’aucune protection des leviers de l’État (justice, forces de défense et de sécurité. Administration) après la date du 2 avril 2024. À cause de ses passages en force répétés et sa méprise constante du peuple sénégalais, le dictateur Macky Sall risque d’avoir une fin tragique. À la lumière des gestes antirépublicains et dictatoriaux posés par ce président, la prédiction malheureuse du très respecté professeur Cheikh Anta Diop sur la fin de règne de Macky Sall demeure de plus en plus probable.
Doudou Sow, sociologue, auteur et lauréat du Mois de l’histoire des Noirs